DON AU MUSEE DE WAMBRECHIES

COMMUNICATION :

"La Voix du Nord"    par Jean-Charles Gatineau

Publié : 7 Avril 2025 

Un don « exceptionnel » de 700 petits soldats

au musée de Wambrechies

Charles Debacker, 92 ans, vient de faire un don exceptionnel au musée de la Poupée et du Jouet ancien : 700 petits soldats reproduisant le défilé de la victoire à Paris, le 14 juillet 1919.

L’ancien PDG de Pennel et Flipo, aujourd’hui retiré dans l’Audomarois, a passé près de 50 ans de sa vie à créer cette scénographie unique.

Charles Debacker et le fondateur du Musée de Wambrechies, Franck Astruc. Dans leur main, un cavalier du Cadre noir de Saumur, l'une des pièces très rares de la collection.

On découvre Charles Debacker à genoux, dans l'une des allées du musée, un petit soldat de 6 cm à la main. Tranquillement, le marin va rejoindre une étagère du bas de la vitrine. Sur celles du haut, ont déjà pris place une bonne partie de ses petits camarades.

Charles Debacker aura passé trois jours à installer sa collection, unique : une reconstitution du défilé de la victoire du 14 juillet 1919.

Charles Debacker a passé trois jours au musée pour installer sa vitrine.

    Le collectionneur a suivi ses notes pour reconstituer le défilé.

Un de ses jouets

C'est un don exceptionnel que vient de recevoir le musée de la Poupée et du Jouet  ancien de Wambrechies : 700 petits soldats, avec lesquels pouvaient jouer les enfants au milieu du siècle dernier. "Jai joué avec certains" sourit Charles Debacker, 92 ans aujourd'hui.

C'est d'ailleurs là le début de l'histoire. "J'ai joué avec, puis j'ai commencé à les collectionner, pendant environ vingt-cinq ans." 

L'idylle vit alors un petit temps de pause jusqu'à ce que la mère de Charles en retrouve au fond d'un placard. Et relance l'histoire.

"Un défilé monstrueux, à la romaine, pour bien montrer l’écrasement de l’Allemagne. Il va durer une journée. »

Le Lillois est alors marié. Ingénieur de formation, il travaille pour ce qu’appelle la recherche de développement du groupe Prouvost. Il deviendra directeur technique puis finira sa carrière comme PDG de Pennel et Flipo (La Voix du Nord l’avait rencontré en 2012 pour qu’il raconte ses vies). " Avec ma femme, nous sommes deux collectionneurs. Quand nous étions à Paris, on passait notre temps aux puces et à faire les brocantes. J'ai commencé par retrouver des petits soldats comme ceux que j'avais et m'est venue l'idée de reconstituer le défilé du 14 juillet 1919" 

  Chacune des 700 pièces a été placée minutieusement.

On ne sait pas si c’est la passion de l'histoire ou celle de ses jouets qui anime le plus Charles Debacker.

Huit mois après l’armistice de novembre 1918, trois semaines après la signature de la paix (traité de Versailles le 28 juin), le défilé "triomphal" du 14 juillet 1919 est "un défilé monstrueux, à la romaine, pour bien montrer l'écrasement de l'Allemagne, il va durer une journée" , s’enflamme presque le collectionneur.

  Le maréchal Pétain, à la tête des troupes françaises.

Le musée de Wambrechies possède une copie du programme du défilé.

En aluminium, pas en plomb

Celui qui vit aujourd’hui à Moringhem dans l'Audomarois a mis "près de cinquante ans"  pour réunir toutes les pièces de sa collection sans pareille. "Ce ne sont pas des soldats de plomb, répond-il avant qu’on lui pose la question. "Les soldats de plomb sont cassables. Ceux-là sont en aluminium et ont été faits, en gros, entre 1935 et 1955, à une époque où l'industrie de l'aluminium se développait en France. Pour la très grande majorité, ils sont de la marque Quiralu." 

Les soldats de 6 cm sont en aluminium, la plupart des Quiralu d'entre 1935 et 1955.

Comme en 1919, le défilé de Charles Debacker est mené par les maréchaux Joffre et Foch, à cheval.

Puis vient la Garde républicaine avec sa fanfare, les troupes alliées (Américain, Anglais, Belges…) et leurs cuisines roulantes. Tous les soldats sont en bon état, même si la peinture est parfois abîmée. "Ce ne sont pas, au départ, des soldats de vitrine, mais des soldats pour jouer. Des enfants ont donc joué avec".

Suivent les troupes françaises avec, à leur tête, le maréchal Pétain, les écoles militaires, le corps médical, les marins, des canons portés par des mules, les troupes coloniales et même des chasseurs alpins, skis aux pieds." C'est moi qui les ai ajoutés au défilé", sourit Charles Debacker. Ils n'étaient pas comme ça à Paris en 1919."

 Un peu de l’âme de l’enfant collectionneur qui vit toujours.

"Le plus gros et le plus beau don"

 Si Charles Debacker a cinq enfants, vingt petits-enfants et treize arrière-petits-enfants, aucun n’a souhaité récupérer sa collection de soldats. "C'est un cadeau empoisonné",  sourit-il. "ça prend de la place dans une maison !" .

 La collection pourrait s’estimer à une vingtaine de milliers d'euros.

"Je ne voulais pas la vendre, pour ne pas qu'elle se retrouve dispersée. Quand j'ai dit que j'allais la donner ici, qu'elle allait être bien exposée dans un beau musée, mes enfants m'ont dit " c'est parfait."   

Je ne voulais pas vendre ma collection, pour ne pas qu'elle se retrouve dispersée."

C’est donc Charles Debacker qui a pris contact avec Franck Astruc, le fondateur du musée de la Poupée et du Jouet ancien qu’il porte à bout de bras.

"C'est une collection extraordinaire, lance-t-il. C'est une superbe scénographie qui va parfaitement dans l'espace déjà dédié à la Première Guerre mondiale. D'habitude, les dons, c'est au plus une caisse descendue de son grenier .... Il y a juste une fois, il y a douze ans, où on a reçu des poupées en celluloïd d'une dame de Californie : huit caisses d'un mètre cube arrivées par bateau ! Mais là, cette collection de Charles Debacker c'est le plus gros et le plus beau don qu'on ait eu".

Musée de la Poupée et du jouet ancien, château de Robersart, avenue de Robersart à Wambrechies, ouvert tous les jours pendant les vacances scolaires, de 14 h à 18 h. Tarif : 4/2 €. Tél. : 03 20 39 69 28.